Les électeurs de droite, mais pas seulement, ont donc fait leur choix dimanche 27 novembre. Avec un score sans équivoque François Fillon a été préféré à Alain Juppé pour représenter l’alternance politique. Les analystes et commentateurs sont nombreux à reconnaître dans sa victoire une volonté de changement radical, de transformations économiques profondes, de réformes politiques sans compromission, là où son adversaire d’un soir Alain Juppé a souffert, semble-t-il, d’un manque de conviction ou peut-être, à formuler autrement, d’un programme plus « light » et sans doute plus consensuel.  Le programme économique de François Fillon a été clairement déclaré, sans démagogie, il n’a pas caché son impact sur le modèle social établi et qu’il serait difficile à porter mais nécessaire.

C’est justement sur cette tendance libérale que Marine Le Pen, sa rivale « programmée » au soir du second tour de la Présidentielle, prépare sa riposte et pense écraser Fillon. Mais les termes qu’elle va user au-delà du raisonnable à son encontre, « hyperlibéral », « ultra-libéral », « Thatchérien », « brutal », sont-ils forcément tous appropriés ?

Quelles perspective pour l’emploi ?

François Fillon a annoncé vouloir plafonner les allocations chômage à 75% du revenu de référence et dégressives au bout de 6 mois. Il souhaite réformer en profondeur la formation professionnelle pour orienter les chômeurs vers des filières qui ont de réelles opportunités d’embauche.

Pour les entreprises désireuses d’embaucher un jeune en alternance, elles seront exonérées de toutes charges sociales, en outre le système des emplois aidés sera supprimé.

François Fillon veut encourager l’auto-entreprenariat en supprimant notamment les contraintes législatives posées par la loi Pinel de janvier 2015 (obligation d’immatriculation et de stage préalable à l’installation). Enfin l’âge minimum pour devenir auto-entrepreneur sera ramené à 16 ans.

Une fiscalité réévaluée et réajustée

L’impôt sur les sociétés, souvent décrié en France car trop élevé pour bon nombre, sera rabaissé selon François Fillon, passant de 33,33% (actuellement) à 25%.

Il souhaite également transformer le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en baisse de charge définitive.

Un allégement national des charges des entreprises de l’ordre de 50 milliards d’euros est prévu par le candidat qui compensera cette perte pour l’Etat par une hausse de la TVA de deux points sur les taux : normal (20%) et intermédiaire (10%).

Il souhaite maintenir l’enveloppe des aides fiscales et sociales destinées aux particuliers employeurs pour les emplois familiaux.

Il souhaite supprimer les cotisations maladie salariales (5,5 milliards d’euros), ce qui augmentera le salaire net de 0,75% qui correspond au taux de cotisation actuel.

Pour ce qui concerne la fiscalité du capital elle sera refondée via l’instauration d’une taxe modérée sur tous les revenus du capital proche de 30%.

Il s’engage à supprimer l’ISF, réduire l’imposition des donations et veut abroger le prélèvement à la source.

Un volet social en pleine ébullition

Le candidat Fillon veut recentrer le code du travail sur les normes sociales fondamentales et renvoyer le reste aux accords d’entreprise.

Les salariés et chefs d’entreprise pourront négocier librement la durée du temps de travail hebdomadaires et par conséquent le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, dans la limite des 48 heures hebdomadaires imposées par le droit européen.

Dans les situations de blocage du dialogue social, le dernier mot sera donné aux salariés grâce au référendum d’entreprise.

François Fillon compte instituer la liberté de candidature au premier tour des élections professionnelles pour mettre fin au monopole des organisations syndicales et limiter le temps consacré à l’exercice du mandat de chaque représentant du personnel à 50% du temps de travail.

Un contrat de travail avec des modalités de rupture prédéfinies et progressives sera mis en place.

Enfin le motif de réorganisation de l’entreprise sera introduit dans les procédures de licenciement collectif pour faciliter l’adaptation des entreprises à leur contexte concurrentiel.

Les retraites de demain

A l’inverse de bon nombre de candidats qui n’osent pas toucher à l’âge de la retraite -alors que l’espérance de vie ne cesse d’augmenter- François Fillon compte le relever de 62 à 65 ans d’ici 2022.

Il souhaite harmoniser les régimes privés, publics et spéciaux, et lancer une réforme qui mettrait en place un étage de retraites par capitalisation, du type Perco ou Perp, pour apporter un complément au système par répartition.

Repenser le fonctionnariat

François Fillon a fait parler de lui en annonçant vouloir réduire le nombre de fonctionnaires de 500 000 en plusieurs années, chose qu’il compte faire par l’augmentation de leur temps de travail (de 35 à 39 heures) et le non remplacement de départs à la retraite.

Il souhaite rétablir un jour de carence dans la fonction publique et simplifier le recrutement de contractuels de façon à limiter les recrutements de fonctionnaires sous statut.

Enfin les automatismes de déroulement de carrière qui plombent la masse salariale seront revus et une véritable politique salariale plus motivante devrait être appliquée.

Rééquilibrer les compte publics

Le candidat de la droite a pour projet de faire de sérieuses économies durant son mandat. 100 milliards d’euros répartis ainsi : 30 milliards pour l’Etat, 20 milliards pour les collectivités locales et 40 milliards pour la Sécurité Sociale.

Les dépenses publiques ne devront pas augmenter d’un euro sur les cinq prochaines années et leur part sur le PIB, passer de 57% à moins de 50%, en 2022.

Pour François Fillon son programme garanti le retour à l’équilibre des finances publiques d’ici 2022 , mais à condition qu’il puisse prendre quelques libertés en 2017 par rapport à l’objectif de 3% du PIB fixé par Bruxelles.

Voilà donc quelques pistes économiques sur lesquelles François Fillon a promis de s’engager une fois élu Président de la République. Bien entendu d’autres points connaîtront aussi des réformes économiques structurelles importantes (la Famille, la Santé, l’Agriculture).  Le tout est de savoir si cette tendance économique portée par François Fillon saura contenter tout le monde et ne se retournera pas contre le peuple, qui risquerait alors de se retourner contre « Fillon Président ».

 

commerce international, actu-cci.com.